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Till Médéa och hennes systrar


Ostracie

Ostracisme

Vas, me dit une voix, le malheur suit tes pas !
Pour toi point de repos, toujours tu resteras!...
Dans ton isolement, ton infortune extrême,
Jamais un seul ami, qui te plaigne et qui t’aime,
Ne voudra d’un maudit adoucir le destin ;
Chacun, avec effroi, fuira de ton chemin !...
Jamais à tes côtés la femme qui était chère
Ne viendra partager ta couche solitaire :
Les roses et les lis sur son front virginal
Se sont flétris trop tôt sous le baiser fatal ;
Le malheur, la pressant dans sa cruelle serre,
A gangrené son cœur comme un fétide ulcère!
Horrible destinée! Inexorable sort !
Pour abriter ma tête où trouverai-je un port ?

En vain je veux aimer... moi, maudit en ce monde,
Car de tous ces parents prostitués à l’enfer
Seulement les enfants ont leur douleur profonde.
L’avenir de l’humain, de ceux là, n’a que faire.
Oui je vivrai seul en ce monde,
Tel est le décret du Destin !
Un reptile doit se fuir tel une bête immonde
Et crainte doit être de son fatal venin.
Fuis, fuis de mes côtés, ô femme,
Doux ange descendu des cieux ;
Cherche par le monde une autre âme
Qui puisse répondre à tes feux.
Car maudite est mon existence,
Maudits sont ceux que j’aime, hélas !
Redoutes ma triste influence,
Pour toi-même ne m’aime pas !

Quant à toi, autre fille qui ma vie à gâché
Retire-toi, putain, et laisses l’enfant libre
De retrouver la souche de son père arraché.
Vas! Consume le butin de la vie qui t’enivre.
Oh ! Toi qui es tombée au profit des nantis.
Que l´âpre stérilité de tes insouciances
Altère donc ta soif et roidisse ta peau !
Que le vent furibond de tes concupiscences
Te fasse claquer la chair ainsi qu´un vieux drapeau !
Toi, âme condamnée, mais encore vivante
Qu´au travers les déserts courant telle une folle!
Fasse de ton destin, une douleur incessante,
Fuir vers l´infini que tu portes en ton vol!
Que des siècles vengeurs maudissent ta mémoire
Et que dans l´avenir, que Justice t’appelle
Du fait que tu ais délesté tes forfaits à l´histoire
Voilé la liberté et tant abusé d´elle ...
Et que ce nom champêtre fut volé par ton Père
Qui près du mien collé sur l’enfant innocent
Soit vomit à jamais. Ignoble, indécent !

Usé par tous les vents, abattu au désert,
Ou j’ai perdu, gagnant les profits de la guerre,
En brûlant de ma vie les meilleures années.
Que seul je vive donc, maudit sur cette terre,
Où je sévis sentences, par autres condamné.
Puisque je vais bientôt enfin, pouvoir en finir
Abroger le voyage, tel le firent mes pairs.
Et enfin pour Ludwig, gardien d’amour, mourir
Sur place, toujours séant et fier d’être son père.

Je ne vois maintenant autre abri que la tombe,
Et j’espère qu’enfin sur moi le linceul tombe,
Eh ! Que faire ici-bas parmi la foule vile ?
L’homme est faux et pervers, c’est un être servile
Soumis à la fortune, aux riches, aux idoles,
S’il en avait, encore, pour une seule obole,
Il vendrait de rechef, son bien et son honneur !
Tout cela s’est passé et c’est donc mon heure.

Quand la Mort étendra sur moi sa main de glace,
Toi, mère de mon fils, entendant le beffroi,
Quand même si suis conduit à ma dernière place,
Déguerpis mon sépulcre, oublies, gardes l’effroi !
Pour toujours au silence prohibes ma mémoire,
Ne viens point arroser mon tombeau de remords,
Là, pour tout ornement, au lieu de la croix noire,
Des épines acérées pour protéger mon corps.

Et je ferais creuser sur ma pierre tombale
Des mots incandescents à ton immensité
Dieu du tout dominant arrogant du fatal
En restant déficient pourtant illimité
Tous ceux que tu n'as pas dans ton immensité,
« Les défauts, les regrets, les maux et l'ignorance. »
Et je ferais encore ajouter l'espérance.



Jean-Raoul de Marcenac




Fri vers av Jean-Raoul de Marcenac
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Publicerad 2008-08-30 08:34



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    Trast
Impressionant. Certains passages me font penser à Baudelaire.
2008-08-30
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Jean-Raoul de Marcenac
Jean-Raoul de Marcenac